Parmi les
choses matérielles que je garde précieusement comme souvenirs et qui me
rappellent de bons moments passés, il y a une lampe…
La lampe
dont je parle, la lampe d’étudiant que j’avais quand j’allais à l’école et à
l’université, était l’une des meilleures de son genre. Je l’avais achetée avec
mon salaire péniblement épargné et elle faisait partie des biens que je
chérissais le plus…
Un soir
d’été, j’étais assis, méditant profondément mais paisiblement en plein air, à
l’extérieur de la chambre dans laquelle je logeais et j’étudiais. Un inconnu
m’aborda. Je remarquai qu’il portait une sacoche. Il était aimable et
divertissant. J’allai chercher une autre chaise à l’intérieur et nous
discutâmes jusqu’à ce que la nuit tombe peu à peu et qu’il fasse complètement
noir.
Puis il
dit : « Vous êtes étudiant, vous avez sûrement beaucoup de travail à
faire le soir. Quel genre de lampe utilisez-vous ? » Sans attendre de
réponse, il continua : « J’ai une lampe de qualité supérieure que
j’aimerais vous montrer, une lampe conçue et réalisée selon les dernières
découvertes de la science appliquée, qui dépasse de loin tout ce qu’on a
produit jusqu’ici comme lumière artificielle. »
Je répondis
avec confiance et, je dois l’avouer, non sans une certaine fierté :
« Mon ami, j’ai une lampe qui a fait ses preuves. Elle m’a accompagné
pendant de nombreuses longues nuits. C’est une lampe Argand, l’une des
meilleures de son genre. Je l’ai nettoyée et en ai taillé la mèche
aujourd’hui ; elle est prête à être allumée. Entrez un instant, je vais
vous montrer ma lampe, puis vous me direz s’il est possible que la vôtre soit
meilleure. »
Nous
entrâmes dans ma chambre d’étudiant et j’approchai une allumette de ma lampe
Argand à la mèche bien taillée, avec, je pense, un sentiment comparable à celui
d’un athlète sur le point de disputer une épreuve contre une personne qu’il
considère comme un adversaire pitoyablement inférieur.
Mon visiteur
ne fut pas avare de compliments. Il dit que c’était la meilleure lampe de son
genre. Il affirma qu’il n’avait jamais vu de lampe aussi bien entretenue. Il
monta et descendit la mèche et jugea que le réglage était parfait. Il déclara
que jamais auparavant, il ne s’était rendu compte à quel point une lampe
d’étudiant pouvait être satisfaisante.
J’aimais bien
cet homme. Il me semblait réfléchi et savait assurément se faire apprécier.
« Qui m’aime, aime ma lampe », me dis-je pour reprendre une
expression que l’on disait couramment à l’époque.
« Maintenant,
dit-il, si vous me le permettez, je vais allumer ma lampe. » Il tira de sa
sacoche une lampe qui s’appelait alors la « Rochester ». Elle avait
un verre qui, comparé au mien, ressemblait à une cheminée d’usine à côté de
celle d’une maison. Sa mèche creuse était assez large pour que je puisse y
mettre quatre doigts. Sa lumière éclaira jusqu’au coin le plus éloigné de ma
chambre. À la lumière de cette puissante flamme, ma petite Argand produisait
une faible lueur jaune pâle. Jusqu’à ce moment de démonstration convaincante,
je ne m’étais jamais rendu compte de l’obscurité dans laquelle je vivais,
travaillais et étudiais avec acharnement.
« Je
vous achète votre lampe, dis-je, tout autre argument ou explication est
inutile. » J’apportai ma nouvelle acquisition au laboratoire le soir même
pour évaluer ses qualités. Elle avait une puissance supérieure à quarante-huit
bougies, soit quatre fois plus que ma lampe d’étudiant.
Deux jours
après mon achat, je rencontrai le vendeur de lampe dans la rue aux environs de
midi. À ma demande, il me dit que les affaires étaient bonnes et que la demande
pour ses lampes dépassait l’offre de l’usine. « Mais, dis-je, vous ne
travaillez pas aujourd’hui ? » Sa réponse fut une leçon pour moi.
« Croyez-vous que je serais assez bête pour essayer de vendre des lampes
pendant la journée ? En auriez-vous acheté une si je l’avais allumée
pendant que le soleil brillait ? J’ai choisi le bon moment pour vous
démontrer la supériorité de ma lampe par rapport à la vôtre et vous avez
vivement désiré avoir la lampe de meilleure qualité que je vous proposais,
n’est-ce pas ? »
Voilà
l’histoire. Maintenant, réfléchissez à l’application que l’on peut faire d’une
partie, d’une toute petite partie de cette histoire.
« Que
votre lumière brille ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes
œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Matthieu
5:16).
L’homme qui
voulait me vendre une lampe n’a pas dénigré la mienne. Il a mis sa plus grande
lumière à côté de ma faible flamme et je me suis empressé d’acquérir la
meilleure.
Les
serviteurs missionnaires de l’Église de Jésus-Christ sont envoyés, aujourd’hui,
non pour attaquer ou tourner en ridicule les croyances des hommes, mais pour
montrer au monde une plus grande lumière, qui rendra évidente la faiblesse de
la luminosité des flammes vacillantes et fumantes des credo inventés par les
hommes. L’œuvre de l’Église est constructive et non destructrice.
Quant aux
autres significations de cette parabole, que celui qui a des yeux et un cœur
voit et comprenne.
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