jeudi 4 octobre 2018

PARABOLE DE L'ABEILLE SANS SAGESSE


Par James E. TALMAGE 
Il arrive  que j’aie des obligations professionnelles qui me demandent un calme et un isolement que ni mon bureau confortable ni l’agréable bibliothèque de ma maison ne peuvent offrir. Mon refuge préféré est une pièce située à l’étage supérieur de la tour d’un grand bâtiment, bien à l’écart du bruit et de l’agitation des rues de la ville. Cette pièce est assez difficile d’accès et assure une assez bonne protection contre les importuns. Muni de livres et d’un stylo, je passe, dans cette pièce, de nombreuses heures calmes et occupées.
Cependant, il m’arrive d’avoir des visiteurs, surtout en été. Lorsque je travaille les fenêtres ouvertes, des insectes volants pénètrent parfois dans la pièce et l’occupent avec moi. Je ne chasse pas ces visiteurs qui s’invitent eux-mêmes. Bien des fois, j’ai posé mon stylo, et oubliant ce que je faisais, j’ai observé avec intérêt les mouvements de ces visiteurs ailés, sans penser après coup avoir perdu mon temps, car n’est-il pas vrai que même un papillon, un scarabée ou une abeille peut enseigner une leçon à qui est désireux d’apprendre ?
Un jour, une abeille sauvage venue des collines voisines est entrée dans la pièce. Pendant une heure ou plus, j’ai entendu, par intervalles, son agréable bourdonnement. La petite créature s’est rendu compte qu’elle était prisonnière mais tous ses efforts pour trouver l’issue par la fenêtre entrouverte se sont soldés par un échec. Lorsque je me suis apprêté à fermer la pièce et à partir, j’ai ouvert grand la fenêtre et j’ai essayé de guider l’abeille pour qu’elle sorte, puis de la forcer à retrouver sa liberté et sa sécurité, sachant que, si elle restait dans la pièce, elle mourrait comme d’autres insectes prisonniers avaient péri dans cet endroit sec et fermé. Plus j’essayais de la faire sortir, plus elle s’opposait à mes efforts. Son bourdonnement d’abord paisible est devenu bruyant et agressif et son vol s’est accéléré et est devenue hostile et menaçant.
Puis elle m’a pris par surprise et m’a piqué la main, cette main qui voulait l’aider à retrouver la liberté. Finalement, elle s’est posée sur une décoration du plafond, assez loin pour que je ne puisse ni l’aider ni lui faire du mal. La vive douleur de sa méchante piqûre m’a inspiré de la pitié plutôt que de la colère. Je connaissais la punition qui résulterait inévitablement de cette opposition et de cette rébellion injustifiée, et j’ai dû laisser l’insecte à son sort. Trois jours plus tard, je suis retourné dans la pièce et j’ai trouvé le corps sans vie et desséché de l’abeille sur le bureau. Son obstination lui avait coûté la vie.
Dans son manque de clairvoyance et son incompréhension égoïste, l’abeille pensait que j’étais un ennemi qui ne voulait que la persécuter sans relâche et la tuer, alors qu’en vérité, j’étais son ami et je lui offrais le salut puisqu’elle avait mis sa vie en danger par sa propre erreur. Je voulais la libérer, malgré elle, de cet endroit où elle resterait prisonnière jusqu’à sa mort, et la remettre dehors à l’air libre.
Avons-nous beaucoup plus de sagesse que cette abeille au point qu’il n’y ait aucune analogie entre son attitude irréfléchie et notre vie ? Nous avons tendance à nous révolter, parfois avec véhémence et colère, contre l’adversité qui, après tout, est peut-être la manifestation d’une sagesse supérieure et de tendres soins dirigés contre notre confort provisoire pour notre bien-être durable. Il y a, dans les tribulations et les souffrances de la condition mortelle, une intervention divine que seules les âmes impies n’arrivent absolument pas à discerner. Dans le cas de beaucoup de personnes, la perte de leur richesse s’est révélée être une aubaine, un moyen providentiel de sortir de leur cellule d’abandon égoïste aux passions pour aller à l’air libre et vers le soleil, où les efforts sont abondamment récompensés. La déception, le chagrin et l’affliction peuvent être des manifestations de la bienveillance d’un Père omniscient.
Réfléchissez à la leçon de l’abeille sans sagesse !
« Confie-toi en l’Éternel de tout ton cœur, et ne t’appuie pas sur ta sagesse ; Reconnais-le dans toutes tes voies, et il aplanira tes sentiers » (Proverbes 3 : 5-6).

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