dimanche 15 janvier 2017

Comment se souviendra t-on de nous




D’après la façon dont nous nous souvenons des autres, nous pouvons nous demander comment nous désirons qu’on se souvienne de nous. Si nous posions pour un portrait, nous prendrions soin de faire la meilleure figure possible ; et, après avoir pris toutes nos précautions, nous demanderions encore au photographe de retoucher le portrait pour en faire disparaître tout défaut, parce que cette image de nous, léguée à la postérité, devrait être, à notre sentiment, celle que nous désirons qui reste dans le souvenir des autres.
Mais les impressions que les gens forment de nous chaque jour ont plus d’importance qu’un portrait. Aussi, dans tous nos actes, dans toutes nos attitudes, dans toutes nos paroles, nous devrions penser à la manière dont nous désirons rester dans la pensée et dans le souvenir des hommes.
Voulons-nous qu’on se souvienne de nous comme nous livrant à des commérages ?
Voulons-nous qu’on se souvienne de nous comme indifférents à notre mise ou comme insouciants de notre conduite ?
Et comment voulons-nous rester dans le souvenir de nos enfants ?
Au moment où ils forment des impressions personnelles, ils se feront de nous une idée personnelle.
Le public ne nous connaît que tel que nous nous présentons dans la rue, ou à notre bureau ou dans l’exercice de notre profession, c’est-à-dire, soignés et souriants. Mais notre famille et nos amis intimes, chez nous, ont pour ainsi dire à leur service un appareil photographique impitoyable pour prendre notre image, dans tous ses traits vrais, sans écrans et sans retouches.

Ceux qui constituent notre cercle familier ne se souviendront pas toujours de nous tels que nous fûmes au moment de partir pour l’église. Ils se souviendront de nous lorsque nous fûmes en colère, ou injustes dans nos jugements, ou lorsque nous nous sommes donnés de piètres excuses pour ne pas faire notre devoir, ou pour ne pas expliquer nos principes.
Ils ne se souviendront pas seulement, sans doute, de notre conduite noble ou affectueuse, mais aussi de nos actions inconsidérées, de nos actes de malveillance, de nos remarques caustiques. Un portrait retouché peut impressionner le public, pendant notre vie et après. Mais la façon dont nous nous connaissons nous-mêmes et la façon dont se souviendront de nous, ceux qui nous tiennent de plus près (et, sans aucun doute, la façon dont nous jugera en fin de compte le Juge juste), sera d’après notre mode de vie quotidien.
Tout ce que nous faisons, tout ce que nous sommes, toutes nos pensées, toutes nos actions, toutes nos attitudes seront des éléments du portrait définitif et vrai.


La façon dont nous voulons qu’on se souvienne de nous est la façon dont il faut que nous vivions non seulement en public, mais en privé, et dont il faut que nous conduisions nos plus intimes pensées.

Par Richard L. Evans

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