D’après
la façon dont nous nous souvenons des autres, nous pouvons nous demander
comment nous désirons qu’on se souvienne de nous. Si nous posions pour un
portrait, nous prendrions soin de faire la meilleure figure possible ; et,
après avoir pris toutes nos précautions, nous demanderions encore au
photographe de retoucher le portrait pour en faire disparaître tout défaut,
parce que cette image de nous, léguée à la postérité, devrait être, à notre
sentiment, celle que nous désirons qui reste dans le souvenir des autres.
Mais
les impressions que les gens forment de nous chaque jour ont plus d’importance
qu’un portrait. Aussi, dans tous nos actes, dans toutes nos attitudes, dans
toutes nos paroles, nous devrions penser à la manière dont nous désirons rester
dans la pensée et dans le souvenir des hommes.
Voulons-nous
qu’on se souvienne de nous comme nous livrant à des commérages ?
Voulons-nous
qu’on se souvienne de nous comme indifférents à notre mise ou comme insouciants
de notre conduite ?
Et
comment voulons-nous rester dans le souvenir de nos enfants ?
Le
public ne nous connaît que tel que nous nous présentons dans la rue, ou à notre
bureau ou dans l’exercice de notre profession, c’est-à-dire, soignés et
souriants. Mais notre famille et nos amis intimes, chez nous, ont pour ainsi
dire à leur service un appareil photographique impitoyable pour prendre notre
image, dans tous ses traits vrais, sans écrans et sans retouches.
Ceux
qui constituent notre cercle familier ne se souviendront pas toujours de nous
tels que nous fûmes au moment de partir pour l’église. Ils se souviendront de
nous lorsque nous fûmes en colère, ou injustes dans nos jugements, ou lorsque
nous nous sommes donnés de piètres excuses pour ne pas faire notre devoir, ou
pour ne pas expliquer nos principes.
Ils
ne se souviendront pas seulement, sans doute, de notre conduite noble ou
affectueuse, mais aussi de nos actions inconsidérées, de nos actes de
malveillance, de nos remarques caustiques. Un portrait retouché peut
impressionner le public, pendant notre vie et après. Mais la façon dont nous
nous connaissons nous-mêmes et la façon dont se souviendront de nous, ceux qui
nous tiennent de plus près (et, sans aucun doute, la façon dont nous jugera en
fin de compte le Juge juste), sera d’après notre mode de vie quotidien.
Tout
ce que nous faisons, tout ce que nous sommes, toutes nos pensées, toutes nos
actions, toutes nos attitudes seront des éléments du portrait définitif et
vrai.
La façon dont nous voulons qu’on se souvienne
de nous est la façon dont il faut que nous vivions non seulement en public,
mais en privé, et dont il faut que nous conduisions nos plus intimes pensées.
Par Richard L. Evans
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