dimanche 2 décembre 2018

LES RESPONSABILITÉS DES BERGERS


Quand j’étais un tout petit garçon, mon père a trouvé un agneau seul dans le désert. Le troupeau de moutons auquel sa mère appartenait était parti, et l’agneau avait dû se trouver séparé de sa mère.
Le berger n’avait pas dû se rendre compte qu’il était perdu. Comme l’agneau ne pouvait pas survivre seul dans le désert, mon père l’avait recueilli et ramené à la maison. S’il avait laissé l’agneau dans le désert, l’animal serait certainement mort, soit mangé par les coyotes, soit de faim, car il était encore si jeune qu’il avait encore besoin de lait.
Mon père m’a donné l’agneau et j’en suis devenu le berger. Pendant plusieurs semaines, j’ai fait chauffer du lait de vache dans un biberon et j’ai donné à boire à l’agneau. Nous sommes devenus de très bons amis. Je l’ai appelé Nigh. Je ne sais plus pourquoi. Il a commencé à grandir.
Je jouais avec mon agneau sur la pelouse. Parfois nous nous couchions sur l’herbe et je posais ma tête sur son flanc doux et laineux et je regardais le ciel bleu et les gros nuages blancs. Je n’enfermais pas mon agneau pendant la journée. Il ne s’échappait pas. Bientôt il a appris à manger de l’herbe. Je pouvais le faire venir à moi de n’importe quel coin du jardin rien qu’en imitant de mon mieux le bêlement du mouton.
Un soir il y a eu un orage terrible. J’ai oublié de mettre l’agneau dans la grange comme j’aurais dû le faire. Je suis allé me coucher. Mon petit ami avait peur de l’orage et je l’entendais bêler. Je savais que je devais aider mon animal, mais je voulais rester à l’abri, au chaud et au sec dans mon lit. Je ne me suis pas levé comme je l’aurais dû.
Le lendemain matin j’ai retrouvé mon agneau mort. Un chien avait aussi entendu ses bêlements et l’avait tué. Mon jeune cœur était brisé. Je n’avais pas été un bon berger ; je n’avais pas bien gardé ce que mon père m’avait confié. Il m’a demandé : « Mon fils, est-ce que je ne peux pas te confier la garde d’un seul agneau ? » La remarque de mon père m’a fait plus mal encore que la perte de mon ami à quatre pattes. J’ai pris la résolution ce jour-là, alors que j’étais petit garçon, d’essayer de ne plus jamais négliger m on intendance de berger si je me trouvais un jour de nouveau dans cette situation.

Peu d’années plus tard, j’ai été appelé comme compagnon en second d’un instructeur au foyer. Il y avait des jours où il faisait froid ou de l’orage et où je voulais rester au chaud à la maison, mais il me semblait entendre les bêlements de mon petit agneau, et je savais alors qu’il me fallait être un bon berger et aller avec mon compagnon. Pendant toutes ces années, chaque fois que j’ai eu le désir de négliger mes devoirs, je me suis souvenu combien j’avais eu des regrets ce soir-là bien des années auparavant quand je n’avais pas été un bon berger. Je n’ai pas toujours fait tout ce que j’aurais dû, mais je m’y suis efforcé.

James FAUST Liahona Juillet 1995

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