J’ai vraiment de la peine pour les hommes le jour de la fête des
mères. Cette journée, faite pour honorer et célébrer, est le plus souvent un
champ de mines émotionnel et spirituel pour presque tout le monde : Les
femmes qui n’ont pas d’enfants, ou qui en voulait plus, ou peut-être des
enfants différents. Les femmes qui pensent qu’elles sont en train d’échouer, ou
que quelqu’un les a déçus, ou que l’échec va bientôt arriver.
Les femmes qui aimeraient être libres d’être des mères, ou qui
aimeraient être libres de leurs mères, ou qui n’ont jamais eu la mère qu’elles
souhaitaient, ou ne peuvent pas être la mère qu’elles souhaiteraient être.
Parfois, il semble qu’il n’y ait pas de bonne solution.
En tant que femme d’âge moyen sans enfants, j’ai été tour à tour énervée,
amusée, en colère, sans voix, et résignée le jour de la fête des mères. Il y a
eu des jours de fêtes des mères ou je ne pouvais pas supporter de voir les gens
en train d’évaluer l’expression de mon visage, alors je ne suis pas allé à
l’Eglise. Il y en a eu d’autres ou je me suis levée, comme demandé, car
« nous sommes toutes mères en Sion », pour recevoir des bégonias en
pot, ou une barre de chocolat. « Non », je me disais, “nous ne sommes
pas TOUTES mères. Faire semblant de l’être n’aide pas.”
Dans le milieu des années 70, en tant que fille ainée
de sept enfants, j’ai été élevée de manière à avoir de grandes compétences
maternelles. Comme membre de cette grande famille, je faisais la lessive, je
raccordais les tuyaux de l’arrosage automatique, je récoltais les haricots, je
préparais les sacs de camping, je repassais les chemises, je lisais les livres
à voix haute, je faisais de la pâte d’abricot, et j’ai appris la bonne façon de
nettoyer les toilettes et de nettoyer le vomi et de distraire des bambins de
mauvaise humeur. Je cuisinais des spaghettis, je calmais les bébés, j’aidais à
peindre pour des devoirs de sciences, j’ai fait un lit pour les bébés du chat,
et j’ai fait faire des dictées. Mais malgré tout cet apprentissage et cette
préparation, je ne suis pas devenue mère.
JÉSUS ET SON ENSEIGNEMENT AUPRÈS DES FEMMES
Jésus semblait se donner beaucoup de mal pour aller
vers toutes sortes de femmes de circonstances variées et les appeler à œuvrer
pour Lui. Le Nouveau Testament contient le récit de Ses relations avec ces
femmes qui seraient autrement restées en marge des choses, les deux sœurs qui
veulent être disciples (Marie et Marthe), une femme samaritaine qui avait été
mariée ou en couple cinq fois, une femme surprise en train de commettre l’adultère,
une veuve pleurant la mort de son fils unique (la veuve de Nain), une femme
dont le mari était le régisseur d’un roi méchant usurpant la place qui revenait
de droit à Jésus (Joanna), une femme ordinaire qui servait à manger dans le
fond et que personne ne remarquait (la belle-mère de Pierre). A chacune
d’elles, Jésus dit : “Viens, choisi le bon côté et suis-moi. Cet évangile est
fait pour les personnes comme toi. »
Jésus a perçu qui étaient réellement ces femmes
au-delà de leurs conditions mortelles immédiates et limitées. Elder Neal A.
Maxwell a décrit que « Dieu vit dans un maintenant éternel, où le passé,
le présent et le futur sont constamment devant Lui.
Donc, si à quelque moment que ce soit dans mon voyage
éternel je deviens mère (avec ces compétences spectaculaires que j’ai acquises
à l’adolescence), le ciel doit me voir de cette manière tout le temps. Cela
doit être que mes Parents Célestes ne voient pas qui je suis à un moment donné
dans le temps, mais ils voient plutôt la personne que je suis sensé être et la
personne que l’ensemble de mes choix me permettra d’être.
MES COMPÉTENCES EN TANT QUE MÈRE… BIEN QUE JE
N’EN SOIS PAS UNE
En novembre 2016, j’étais dans un convoi de soldats
kurdes pour livrer du matériel à des campements de fortune en haut du Mont
Sinjar dans le nord de l’Iraq. Deux ans plus tôt, Daesh était venu dans les
villages Yesidis reculés, causant d’horribles destructions et des douleurs
émotionnelles intenses. Les Peshmergas kurdes assuraient la sécurité de ces
projets en ce jour de novembre. Leur présence n’était pas juste pour décorer.
Nous sommes passés par des villages bombardés où il y avait des graffitis de
Daesh et nous sommes engagés sur une route qui serpentait et ou les Yezidis
étaient protégés par les montagnes abruptes. Pour les soldats qui nous
accompagnaient, il s’agissait d’une mission bien plus légère que de se battre
sur la ligne de front à Mosul, mais ils prenaient tout de même la chose au
sérieux, scrutant l’horizon et préparant les canons au cas ou il y aurait des
problèmes. Le capitaine me parlait et me montrait du doigt des choses
intéressantes, mais il regardait toujours ce qu’il y avait derrière moi,
plaçant ses soldats en phalange pour nous entourer. Nous avons livré des radiateurs
au kérosène ainsi que des paquets de manteaux et de bottes ce jour-là. Nous
avons également visité méthodiquement les écoles et les centres médicaux que
LDS Charities avait construit pendant l’été. Le temp était devenu froid, et les
familles se rassemblaient devant le camion, attendant de l’aide.
J’ai été frappée tard dans l’après-midi, alors que le
convoi redescendait de la montagne avant que le soleil ne se couche, par le
fait que j’avais également acquis des compétences pour ce genre d’expérience ce
jour-là. J’étais là, rencontrant des mères dont les filles avaient été réduites
à l’esclavage, dont les époux avaient été tués. J’étais là pour représenter des
mères qui avaient convaincu leurs jeunes enfants de donner de l’argent à une
œuvre humanitaire. J’étais là en tant que chrétienne, en tant que représentante
de l’Eglise de Jésus-Christ, en tant que mère par alliance, représentant toutes
les autres qui avaient donné 5 dollars ou jeûné et prié après avoir appris la
nouvelle.
C’était une convergence de mères. La charité, ou
l’amour pur du Christ, est la maternité représentée d’une façon très pratique
et réelle. Sacrifier pour que d’autres puissent prospérer, et regarder au-delà
des circonstances actuelles comment sont réellement les choses. Cette maternité
fait partie de mon identité par alliance. Mon travail de mère découle
directement des chuchotements du Saint Esprit. Et il n’est pas moins réel du
fait qu’il n’y ait pas de liens de sang et d’os.
Elder Jeffrey R. Holland a parlé une fois des attributs
maternels du Christ le Messie :
“Aucun amour dans la condition mortelle ne s’apparente
davantage à l’amour pur de Jésus-Christ que l’amour désintéressé d’une mère
pour son enfant. Quand Esaïe dans des paroles messianiques a voulu communiquer
l’idée de l’amour de Jehova, il a utilisé l’image du dévouement d’une mère.
‘Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle allaite ?’ demande-t-il. …
Cette sorte d’amour résolu “est patiente et est pleine
de bonté, ne cherche pas son intérêt mais excuse tout, croit tout, espère tout,
supporte tout ». Plus encourageant que toute autre chose, ce genre de
fidélité « ne périt jamais ». Quand les montagnes s’éloigneraient,
quand les collines chancelleraient, a dit Jéhovah, mon amour ne s’éloignera point
de toi ».
MA DÉFINITION D’ÊTRE “MÈRES EN SION”
Sur cette plaine d’Iraq, la maternité a soudainement
été définie pour moi comme étant « celles qui agissent comme les bonnes
mères le font. »
Ma vie m’a enseigné trois choses qui ont changé mon
opinion concernant la fête des mères :
·
Mes compétences ne sont jamais obsolètes.
·
Mon cœur, et non mes circonstances actuelles,
déterminent mes bénédictions.
·
Je suis une mère car je me comporte comme une mère.
A moi, plus jeune, qui était misérable en train de
tenir un pot de fleur, et à toutes les femmes qui sont mal à l’aise le jour de
la fête des mères, je voudrais dire : « Ne laissez pas la tristesse
assombrir la perspective. Vos alliances ont déjà tracé votre route. Persévérez.
Vous vous en sortez mieux que vous ne le pensez ». Que pourrait nous dire
le Seigneur ? Je pense qu’Il nous prendrait dans Ses bras et nous dirait
que nous sommes assez dignes pour continuer et que nos sacrifices Lui sont acceptables.
Il nous dirait que Lui seul peut savoir. Il nous dirait qu’Il nous voit, ainsi
que tout ce que nous faisons dans les coulisses, que nous ne sommes pas
invisibles à Ses yeux. Il nous demanderait la même chose qu’Il a demandée à
Pierre : « M’aime-tu ? … Pais mes brebis. … Pais mes
brebis » (Jean 21 : 15-17.
Alors prenez votre fleur ou votre chocolat ou vos
bégonias ou peu importe ce que c’est. Levez-vous en souriant, que vous ayez des
enfants ou non, que vos enfants aillent bien à ce moment précis ou non, que les
choses se soient passées comme vous le vouliez ou non. Il se trouve que nous
sommes réellement toutes mères en Sion. Nous avons un travail à faire. Il se
prolonge dans l’éternité. Et comme le Maitre que nous suivons, notre amour
« ne périt jamais » (1 Corinthiens 13 : 8 ; Moroni 7 : 46)